L’ennéagramme des processus
On connait bien l’ennéagramme des personnalités qui décrit neuf profils psychologiques distincts mais moins nombreux sont ceux qui connaissent l’ennéagramme des processus. D’après son disciple Ouspensky rapportant les propos de son maitre (Fragments d’un enseignement inconnu, Éditions Stock), G.I. Gurdjeff déclarait, à propos de l’ennéagramme des processus, qu’il avait introduit dans son enseignement, qu’« un homme isolé dans le désert tracerait-
Il est ici intéressant de se poser la question de ce qu’est un processus amenant de la valeur ajoutée. Notre processus aura droit à ce qualificatif si, à l’arrivée, on se retrouve avec quelque chose qui soit différent et apportant un “plus” par rapport à qu’on avait au départ. Or quand vous devez ranger une pièce ou votre bureau, vous aurez pu constater que si vous vous contentez de réaliser de petits ajustements successifs, vous tournez vite en rond. Un moment donné la meilleure solution consiste à tout mettre à plat, à défaire l’organisation existante, afin de pouvoir recombiner les choses différemment et de laisser émerger autre chose de nouveau (avec du coup une valeur ajoutée).
Ce principe se retrouve entièrement dans la symbolique du triangle avec la pointe vers le haut : partant d’une unité de départ, on « désorganise » les choses, on crée la multiplicité. Cette multiplicité devient alors un espace à l’intérieur duquel il devient possible de recombiner les choses, d’effectuer des transformations car on a alors des éléments distincts à recombiner. Ceci étant fait, on peut tout réintégrer ensemble dans le cadre d’une nouvelle unité, amenant une nouveauté par rapport à l’unité précédemment en place.
En plaçant deux étapes clefs sur chacune des trois phases ainsi posées, on définit un processus en six étapes qui se succèdent chronologiquement. Par le dessin de l’ennéagramme, des flèches particulières relient les différentes étapes et ne correspondent pas au cycle chronologique mais à un circuit d’information. Une étape, pour bien se dérouler, à besoin d’une information qui lui est fournie par une étape située à l’autre bout d’une flèche dont elle est extrémité de fin.
Derrière cette structure générique , on peut gérer toutes sortes de processus avec des finalités variées. Si les étapes indiquées sont en place et respectées, notre processus sera véritablement « intelligent ». Pour s’en convaincre, nous vous proposons de considérer l’exemple de la création d’un nouveau produit, tel que proposé par J.G. Bennett, ancien élève de Gurdjieff (Enneagram studies, Weiser) :
Le modèle une fois posé semble couler de source : pour créer un nouveau produit, au début il faut faire intervenir la recherche (9). Sur la base de spécifications (idée initiale, 1), on effectue un design (simulation, 2). On passe alors en phase de développement (suite logique et naturelle, 3). Il y a mise en place d’un prototype (passage à la pratique, 4) et par ajustements successifs (oscillations entre 4 et 5), on parvient à un produit finalisé (5). Se pose alors la décision de passer à la mise en production (il faut décider d’en rester là avec un développement qui pourrait stagner dans des boucles d’amélioration sans fin, 6). On planifie la production (7) et on met en place un contrôle qualité (8) sur le produit final proposé au consommateur.
Ce qui est alors intéressant d’analyser à travers cet exemple, ce sont les fameuses « flèches d’information » internes à l’ennéagramme.
- Au point 1, la spécification est une description aussi précise que possible de ce qu’on veut réaliser. Il est donc particulièrement important d’introduire dès cette phase des informations ayant à voir avec les contraintes ultérieures de production et leur effet sur les coûts (flèche 7-
1). - Au point 2, le design aura intérêt à prendre en compte les contraintes techniques et matérielles qui seront présente lors de la mise en œuvre pratique (flèche 4-
2), afin de permettre à la phase de développement de pouvoir vraiment démarrer. - Au point 4, le prototype devra bien évidemment répondre aux spécifications posées (flèche 1-
4). - Au point 5, le produit finalisé qui fonctionne devra être en phase avec les exigences de qualité du marché (flèche 8-
5). - Au point 7, la planification de la production s’appuiera bien sûr sur les caractéristiques de ce qui doit être produit (flèche 5-
7). - Au point 8, le contrôle qualité permet de s’assurer que le produit délivré est conforme aux attentes du marché et qu’il est en phase avec ce qui avait été prévu dans le design (flèche 2-
8).
Comme on peut le constater, la modélisation obtenue est particulièrement cohérente. Cette façon de « voir les choses » peut s’appliquer à de nombreux exemples dans des champs extrêmement variés et permet de s’éviter bien des déboires quand il s’agit de créer un nouveau processus. Le modèle permet également de mieux comprendre les fondements sous-
La description de l’ennéagramme des processus et d’une méthode pour en construire un pas à pas, qui sera déclinée sur les exemples amenés par chaque stagiaire, ainsi que la mise en évidence du fait que l’ennéagramme des personnalités n’est que le cas particulier d’un processus qui sera détaillé, sont des éléments abordés dans le cadre du “Maître-Praticien en ennéagramme envolutif”.
Jean-
le 12 janvier 2009
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