L’ennéagramme et les émotions

L’ennéagramme est bâti sur le principe que nous possédons tous à l’intérieur de nous trois « centres » de fonctionnement.

  • Le centre instinctif est conçu pour répondre de manière appropriée aux situations de la vie en agissant pour assurer la sécurité et la survie. Il est à l’oeuvre quand « les trippes » sont de la partie et s’appuie sur un mode de mobilisation de l’énergie qui est la colère.
  • Le centre émotionnel place la relation avec les autres au coeur de la vie. Et c’est bien ici de « coeur » dont il est question. Avec lui, il s’agit de ressentir. Il est le lieu des émotions et de l’affectivité. Il pose la question de l’identité : « qui suis-je ? », et face à l’autre, il y a en filigrane le spectre de ne pas être à la hauteur, et avec lui la honte et un fond dépressif.
  • Le centre mental est là pour penser et réfléchir. Il cherche à avoir des informations et à rationaliser la vie afin de donner un sens au monde et à soi-même par le biais de l’analyse logique, du raisonnement. Il cherche à rendre le monde plus sûr et comme le futur est toujours inconnu et imprévisible, il est en permanence touché par la peur.

Partant de cette constatation, l’approche pose comme principe que nous privilégions l’utilisation d’un centre sur les deux autres. Par abus de langage, on distingue ainsi les types « mentaux », « émotionnels » et « instinctifs ». Dans chaque catégorie, on trouve trois profils, ce qui permet d’arriver aux neuf profils connus.

Parmi les manières de différencier les profils à l’intérieur d’un centre, il en est une qui consiste à s’intéresser à l’émotion principale du type et à la façon dont elle est gérée. Une émotion dominante, qui pose un problème dans certaines situations, peut être gérée de trois manières différentes :

  • On peut la « fuir ». On dira alors que l’émotion est refoulée. Dans la suite de cet article, on utilisera la notation «  » pour représenter ce mode de gestion.
  • On peut consacrer beaucoup d’énergie à la « combattre ». Dans la suite de cet article, on utilisera la notation « + » pour représenter ce mode de gestion.
  • On peut la « laisser s’exprimer » sans rien faire et du coup la laisser prendre des proportions inadéquates. Dans la suite de cet article, on utilisera la notation « = » pour représenter ce mode de gestion.

Ainsi, à l’intérieur de chaque centre, chaque profil associé au centre va privilégier un des trois modes de gestion.

Au niveau du centre instinctif, l’état émotionnel de fond est la colère (notée C) :

  • Le 8 exprime sa colère : C=
  • Le 9 refoule sa colère : C-
  • Le 1 combat sa colère : C+

Au niveau du centre émotionnel, l’état émotionnel de fond est la dépression (notée D) :

  • Le 2 refoule son fond dépressif en même temps que ses besoins : D-
  • Le 3 combat le fond dépressif par une course aux succès : D+
  • Le 4 exprime son fond dépressif : D=

Au niveau du centre mental, l’état émotionnel de fond est la peur (notée P) :

  • Le 5 combat sa peur dans une quête du savoir qui le mettra en sécurité : P+
  • Le 6 se laisse submerger par la peur et le doute : P=
  • Le 7 refoule sa peur en maintenant un fort taux d’adrénaline : P-

Si on regarde les trois profils qui combattent leur état émotionnel principal, on a le 1 (C+), le 3 (D+) et le 5 (P+). Ces trois profils partagent un mode de fonctionnement face aux conflits et difficultés basé sur l’objectivité, la compétence, l’efficacité. Riso et Hudson avaient identifié cette similitude de réponse dans leur classification des profils dite « harmonique » et l’avaient baptisée « attitude compétence ».

Si on regarde les trois profils qui laissent s’exprimer leur émotion dominante, on a le 4 (D=), le 6 (P=) et le 8 (C=). Ces trois profils partagent un mode de fonctionnement face aux conflits et difficultés basé sur une réaction émotionnelle. Dans leurs profils « harmoniques », Riso et Hudson l’avaient baptisée « attitude réactive ».

Si on regarde enfin les trois profils qui refoulent leur émotion dominante, on a le 2 (D-), le 7 (P-) et le 9 (C-). Ces trois profils partagent un mode de fonctionnement face aux conflits et difficultés basé sur une tendance à reformuler positivement les difficultés. Dans leurs profils « harmoniques », Riso et Hudson l’avaient baptisée « attitude positive ».

La prise en compte du mode de gestion de son émotion prédominante apporte beaucoup dans l’utilisation qui peut être faite de l’ennéagramme dans le cadre d’un travail sur soi.

Les conséquences de ces modes de fonctionnement sont explorés dans le cadre des modules de “Maître-Praticien en ennéagramme envolutif”

Jean-Philippe VIDAL
le 17 octobre 2008

© 2008 – EnVOLUTION