Ennéagramme et couple

Il n’est pas rare qu’au cours des stages que j’anime revienne chez les débutants la question “Y a-t-il des combinaisons de profils faites pour s’entendre en couple et d’autres à proscrire ?”. La réponse à cette question doit être donnée sur deux niveaux. Dans l’absolu, n’importe quel mode de fonctionnement doit pouvoir s’entendre avec n’importe quel autre, qu’il s’agisse ou non d’un couple. Si les deux personnes sont bien intégrées, chacun s’enrichit alors des différences que manifeste l’autre, contribuant à une croissance mutuelle. Si les deux sont bien moins intégrés, voire désintégrés, il n’y a pas de rencontre d’être à être, mais de système de défense à système de défense, et là ce sont des étincelles garanties, quelque soit la combinaison (les étincelles seront juste différentes dans chaque cas, toutes ces interactions positives et négatives sont étudiées dans les E-Learnings du Praticien en ennéagramme envolutif).

Et cependant, de par l’expérience empirique, on constate que certaines combinaisons se rencontrent beaucoup plus fréquemment que d’autres. Est-ce à dire qu’en fin de compte il est des “mariages” heureux et d’autres malheureux ? Ce serait voir les choses de manière trop simpliste. En fait, à moins d’être dans un niveau d’échange d’être à être qui demande un long chemin de développement personnel de part et d’autre, le couple est en général un espace privilégié d’expérimentation et de travail sur des scénarios de croissance propres aux protagonistes. En regardant la “combinaison” formé par le couple en terme d’ennéagramme, on accède donc en fait à un aperçu de “ce qui se joue” dans celui-ci. C’est pourquoi bien souvent, on constate que les membres de l’union se répartissent de part et d’autre de traits caractéristiques dans la figure de l’ennéagramme.

En cela on distingue trois grandes configurations, pour lesquelles les enjeux ne sont pas les mêmes. On rencontre aussi des combinaisons ne correspondant pas à ces configurations, auquel cas il semble que les enjeux ont à voir avec des dynamiques autres que l’ennéagramme, dans d’autres “couches” de la représentation du fonctionnement de notre psyché.

1ere configuration – un protagoniste correspond à l’aile de son conjoint : une collaboration étroite

Dans ce cas, pour celui qui est “aile extérieure” de l’autre, son conjoint va l’aider à contacter ses ressources intérieures, et en contrepartie, il va aider son conjoint à accomplir sa finalité dans le monde. Par exemple, dans un couple 5-6, le 5 va permettre au 6 d’apprendre à contacter sa capacité d’analyse objective et en contrepartie, le 6 donnera au 5 un modèle pour mettre ses capacités au service de la communauté. Le développement des ailes étant un facteur majeur d’intégration, le développement de chacun s’en trouve favorisé.

2eme configuration – les protagonistes se répartissent de part et d’autre d’une flèche : une fascination réciproque

Dans ce cas, l’un est le profil d’intégration de l’autre tandis que l’autre est le profil de désintégration de l’un. J’ai à titre d’exemple personnellement rencontré sur ce schéma une proportion importante de couples 7-1. Pour celui qui a en face de lui “son profil d’intégration”, il se joue une fascination pour un modèle d’idéal à atteindre. Pour celui qui voit son “profil de désintégration”, il se retrouve confronté à son “ombre”, cette partie de soi refoulée qu’il faut bien aborder un moment ou un autre dans un travail sur soi en profondeur, avec une fascination tout aussi forte que celle de son conjoint, mais de nature différente. Pour le premier il y a fascination avec une envie de ressembler à son conjoint, pour le second une fascination plus ambigüe.

3eme configuration – les protagonistes se répartissent de part et d’autre d’un trait du diagramme étoilé : une complémentarité des contraires

Chacun est à une extrémité du diagramme étoilé décrit dans l’article “La quête de l’équilibre”. J’ai à titre d’exemple personnellement rencontré sur ce schéma une proportion importante de couples 8-4. Ici, chacun va apporter à l’autre, de manière symétrique, un mode de fonctionnement opposé au sien dans un domaine bien particulier, détaillé dans l’article. Par exemple, le 9 apportera au 5 un savoir faire à sortir de sa bulle tandis que le 5 apportera au 9 un savoir faire à sortir de la fusion en s’isolant.

Jean-Philippe VIDAL
le 11 janvier 2011

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